Réinfo Covid Québec, qui est un collectif ayant notamment pour but de soutenir les professionnels de la santé, reçoit des témoignages de soignants. Des infirmières travaillant à Info-Santé nous ont ainsi contactés et nous ont décrit ce qu’elles vivent en ces temps de Covid. Trois d’entre elles nous sont revenues concernant la pharmacovigilance. Elles nous ont même remis copie des directives qu’elles ont reçues de la DGAPSP (Direction générale adjointe de la protection de la santé publique) à ce sujet [1].

Nous rapportons ici leurs réponses à des questions que nous leur avons posées, tirées de conversations que nous avons tenues avec elles. Pour des raisons évidentes, elles n’ont pas voulu que nous révélions leurs noms.

Question : Pourquoi nous avoir contactés?

Réponse : Nous travaillons depuis plusieurs années pour Info-Santé et ce que nous voyons concernant la déclaration des MCI (manifestations cliniques inhabituelles ou effets secondaires de la vaccination) nous gêne beaucoup : il faut savoir qu’Info-Santé est une des portes d’accès aux soins, donc nous avons un certain portrait de la situation.

Question : Pouvez-vous nous en dire plus?

Réponse : Il nous semble qu’il y a un manque de transparence implicitement imposé, par la santé publique, en lien avec les informations que nous pouvons donner aux gens. Cette restriction gêne d’emblée la transparence et le consentement libre et éclairé pour ceux qui s’interrogent sur les bénéfices/risques de la vaccination. Ensuite, nous ne pouvons pas évoquer le possible lien entre un vaccin et les effets secondaires pour lesquels nous sommes appelées. Ces vaccins sont administrés à grande échelle, mais ce n’est pas pour autant que nous disposons à ce jour d’un recul suffisant concernant leurs effets secondaires. Les directives qui nous sont imposées sont contraires au principe de précaution.  Il ne faut rien dire et malheureusement la plupart des gens ne savent pas ça ! Nous ne sommes pas contre la vaccination, mais plutôt dans une approche qui se veut plus éthique. C’est la base!

NOTE DE LA RÉDACTION

Dans le document sur les directives sur les MCI de la DGAPSP que nous avons pu consulter, il est spécifié explicitement ceci :

  • Éviter ce raisonnement erroné : la personne a reçu un vaccin DONC (en capitale dans le texte, ndlr) ses symptômes sont peut-être plus graves qu’ils n’en ont l’air DONC je dois l’envoyer consulter, DONC je déclare une MCI.
  • Ne pas signaler les autres MCI (les MCI moins graves). Donner les recommandations d’usage en fonction de la symptomatologie Ne pas référer la personne au centre de vaccination. Ne pas se prononcer sur le Iien de cause à effet avec la vaccination.

 

Question : Combien d’appels traitez-vous en moyenne par jour concernant les vaccins?

Réponse : Nous recevons chacune en moyenne entre 15 et 20 appels par jour de manière générale et là-dessus, environ 5-10 concernent les vaccins. Si on estime qu’il y a une centaine d’infirmières par quart de travail, cela devrait représenter des centaines ou possiblement un millier d’appels par jour concernant les injections. Tout ça seulement à Info-Santé ! C’est évidemment approximatif, mais c’est pour donner une idée.

Question : Vous parlez de mille appels par jour possiblement et pourtant l’INSPQ rapporte peu d’effets secondaires, comment cela est-il possible?

Réponse : La directive sur les MCI est très restrictive. Tout d’abord, on nous demande de ne rapporter que les MCI graves. Une MCI grave est définie comme un ensemble de symptômes cliniques dont l’évaluation de la sévérité, sans tenir compte d’un vaccin antérieur, amène d’emblée à recommander une consultation urgente immédiate. Autrement dit, nous devons les codifier selon leurs symptômes. Ex : une suspicion de myocardite, potentiellement subséquente à la vaccination, sera plutôt codifiée cardiovasculaire. Donc finalement, la plupart des effets secondaires qui nous sont signalés ne sont pas répertoriés.

Question : Qu’arrive-t-il aux MCI non graves?

Réponse : On nous dit de recommander au patient d’observer ses symptômes et si aggravation dans les 24-48 heures, d’aller consulter : le signalement incombera au clinicien qui verra cette personne à ce moment. Mais dès cet instant, ces effets secondaires seront répertoriés par le système physique en cause : cardiovasculaire, gastro-intestinale, neurologique, et non plus comme des effets secondaires de la vaccination.

NOTE DE LA RÉDACTION Il est important de noter que le critère de gravité mentionné dans le document en question ne figure pas à l’article 69 de la Loi sur la santé publique. D’après celui-ci, le professionnel a l’obligation de déclarer toute manifestation clinique inhabituelle et pas uniquement celles qui sont “graves” :

DÉCLARATION DES MANIFESTATIONS CLINIQUES INHABITUELLES

  1. Tout professionnel de la santé habilité à poser un diagnostic ou à évaluer l’état de santé d’une personne qui constate chez une personne qui a reçu un vaccin ou chez une personne de son entourage une manifestation clinique inhabituelle, temporellement associée à une vaccination et qui soupçonne un lien entre le vaccin et cette manifestation clinique inhabituelle, doit déclarer cette situation au directeur de santé publique du territoire dans les plus brefs délais.

 

Question : Concernant les MCI graves, quels sont les symptômes que l’on vous rapporte le plus?

Réponse : Ganglions lymphatiques enflammés et gros (comme une balle de golf ou plus !), difficulté respiratoire, palpitation, douleur thoracique, menstruations déréglées (aménorrhée, anarchique, ménorragie), retour de menstruations pour femme ménopausée, urticaire, rash cutané, enflure au niveau des genoux, phlébite, fatigue persistante, perte de sensibilité, ACV, ICT… (le document de la DGAPSP mentionne également des cas de myocardites et péricardites). Quand nous recevons toutes ces déclarations au téléphone, il n’est pas possible de ne pas se questionner sur la qualité de ces vaccins, surtout quand on sait qu’ils sont administrés à plein de gens en santé. Nous répondons pour toutes les catégories d’âge. Nous avons été témoins de problèmes de santé à tous âges : ados, jeunes adultes, adultes… On ne peut que craindre qu’il en soit de même avec les enfants.

Question : On va revenir à la déclaration des MCI. Vous dites que l’on devrait s’attendre à près d’un millier de déclarations par jour. Mais ce n’est pas le cas puisque selon l’INSPQ il y aurait eu moins de 11 000 signalements [2]. Comment l’expliquez-vous?

Réponse : En fait, nous sommes réticentes à répertorier les MCI étant donné qu’il faut indiquer notre nom et notre numéro de licence. Nous ignorons à quoi sert cette identification et nous craignons d’être étiquetées. Au début de l’année, nous pouvions déclarer individuellement environ 3 MCI par jour. Avec les nouvelles mesures et la peur d’être dénoncées, nous n’en déclarons maintenant aucune ou très peu ! Comme dit précédemment, dans la majorité des cas, les cas sont répertoriés selon le système en cause, ils ne sont pas répertoriés.

Nous constatons de plus en plus de médecins qui ne veulent pas assumer la responsabilité de la prise de décision de faire vacciner ou pas leurs patients et qui les renvoient souvent vers nous ! Nous n’avons pas le dossier patient pour les cas particuliers. Et encore moins le pouvoir décisionnel déontologique à prescrire une vaccination ou pas !

Nous rappelons également que les MCI non graves (et il est parfois difficile de déterminer si elles sont graves ou non) ne doivent pas être déclarées. C’est seulement si les symptômes augmentent dans les 24-48h qu’une MCI considérée « non grave » amènera probablement l’infirmière à proposer une consultation médicale. Ce sera alors le clinicien qui aura la responsabilité de répertorier la MCI ou pas. Pourtant, si l’infirmière d’Info-Santé considère que le symptôme est suffisamment grave pour consulter, alors pourquoi cette MCI n’est pas répertoriée ?! Il nous semble assez évident qu’elle ne le sera pas.

Question : Que faites-vous si un patient vous déclare des symptômes survenus peu de temps après la vaccination, qui vous demande s’il y a un lien et que vous estimez que oui?

Réponse : Comme nous le disions, les directives que nous avons empêchent de dire aux patients qu’il y a un lien entre la vaccination et les symptômes survenus après, même si on pense que c’est bien le cas. En conséquence, pour nous conformer aux consignes de notre employeur, nous n’avons d’autre choix que de mentir aux patient ou de faire preuve d’un manque de transparence.

En complément voir l’article de Anne-Hélène Jutras sur les effets secondaires de la vaccination.

 

[1] https://reinfoquebec.ca/wp-content/uploads/2021/11/InfoSante-procedure-pour-MCI.pdf

[2] https://www.inspq.qc.ca/covid-19/donnees/vaccination