Cet article est a été tiré et traduit du site du Brownstone Institute. Dans celui-ci, l’auteur donne l’heure juste sur le traité de l’OMS sur les pandémies et c’est pourquoi nous avons estimé important d’en présenter la version française.

En effet, contrairement à ce que l’on a pu beaucoup lire et entendre, il est faux de dire que ce traité permettra de « forcer les états signataires à procéder à des confinements, ainsi qu’à d’autres mesures sanitaires ». Cependant, l’effet sera le même car les États pourront se retrancher derrière l’OMS quand celle-ci déclenchera une pandémie mondiale et affirmera qu’il faut confiner, vacciner, etc. Même si le traité n’est pas contraignant, les États pourront dire à leurs citoyens qu’ils n’ont pas le choix de se conformer.

Pour bien saisir la menace, il est aussi essentiel de rappeler que depuis 2009, il n’est plus nécessaire qu’il y ait une notion de danger (comme la mortalité par exemple) pour que l’OMS puisse déclarer une pandémie. Ainsi, il suffit qu’il y ait une « propagation mondiale d’une nouvelle maladie », peu importe sa gravité. Le résultat est qu’il est très facile pour l’OMS de déclarer des pandémies et le traité sur les pandémies risque donc d’être fréquemment appliqué.

 

Auteur : Bruce Pardy

 

Vendredi (le 5 janvier 2024), Bret Weinstein nous a mis en garde contre la tyrannie imminente de l’Organisation mondiale de la santé. « Nous sommes au beau milieu d’un coup d’État », a déclaré le biologiste évolutionniste et podcasteur à Tucker Carlson sur X. Le nouveau régime de gestion des pandémies de l’OMS éliminera la souveraineté, a déclaré M. Weinstein, et permettra à l’Organisation de passer outre les constitutions nationales.

Il a raison en ce qui concerne la tyrannie et les coups d’État. Mais il n’a pas raison pour la souveraineté ou les constitutions.

Les technocrates ont beaucoup appris de la Covid. Non pas sur la manière d’éviter les erreurs politiques, mais sur la manière d’exercer un contrôle. Les autorités publiques ont découvert qu’elles pouvaient dire aux gens ce qu’ils devaient faire. Ils ont enfermé les gens, fermé leurs entreprises, les ont obligés à porter des masques et les ont conduits dans des cliniques de vaccination. Dans certains pays, les libertés civiles ont été soumises aux restrictions les plus extrêmes de l’histoire en temps de paix.

L’OMS propose aujourd’hui un nouvel accord international sur les pandémies et des amendements au règlement sanitaire international. Ces propositions ne feront qu’aggraver les choses la prochaine fois. Non pas parce qu’elles outrepassent la souveraineté, mais parce qu’elles protégeront les autorités nationales de toute responsabilité. Les États conserveront leurs pouvoirs. Le plan de l’OMS les mettra à l’abri du contrôle de leurs propres citoyens.

Selon les propositions, l’OMS deviendra l’organe directeur de la santé mondiale. Elle aura le pouvoir de déclarer des situations d’urgence en matière de santé publique. Les gouvernements nationaux promettront de suivre les instructions de l’OMS. Les pays « s’engageront à suivre les recommandations de l’OMS ». Les mesures de l’OMS « seront prises et menées à bien sans délai par tous les États parties… [qui] prendront également des mesures pour s’assurer que les acteurs non étatiques [particuliers et entreprises nationales] opérant sur leurs territoires respectifs se conforment à ces mesures ». Les confinements, les quarantaines, les vaccins, la surveillance, les restrictions de voyage, et bien d’autres choses encore seront sur la table.

Cela ressemble à une perte de souveraineté, mais ce n’est pas le cas. Les États souverains ont une compétence exclusive sur leur propre territoire. Les recommandations de l’OMS ne peuvent être directement appliquées par les tribunaux américains (ou canadiens). Les nations souveraines peuvent accepter de se soumettre à l’autorité des organisations internationales. Elles peuvent s’engager à se lier les mains et à adapter leur législation nationale en conséquence.

Les propositions de l’OMS sont un jeu de dupes. Le système fournira une couverture aux autorités nationales de santé publique. Le pouvoir sera omniprésent, mais personne ne sera tenu de rendre des comptes. Les citoyens n’auront aucun contrôle sur la gouvernance de leur pays, comme c’est déjà le cas. Le danger auquel nous sommes confrontés reste notre propre État administratif discrétionnaire tentaculaire, qui sera bientôt renforcé et camouflé par une bureaucratie internationale qui n’a aucun compte à rendre.

Lorsque les pays concluent des traités, ils se font des promesses. Le droit international peut considérer ces promesses comme « contraignantes ». Mais elles ne sont pas contraignantes dans le même sens qu’un contrat national. Le droit international est différent du droit national. Dans les pays anglo-américains, les deux systèmes juridiques sont distincts.

Les tribunaux internationaux ne peuvent pas faire appliquer les promesses des traités à des parties réticentes de la même manière qu’un tribunal national peut faire appliquer des promesses contractuelles. Le droit international est une politique internationale formalisée. Les pays se font des promesses lorsqu’il est dans leur intérêt politique de le faire. Ils tiennent ces promesses selon les mêmes critères. Lorsqu’ils ne le font pas, des conséquences politiques s’ensuivent parfois. Les conséquences juridiques formelles le sont rarement.

Néanmoins, l’idée est de persuader le public que leurs gouvernements doivent obéir à l’OMS. Les recommandations contraignantes légitiment la main lourde des gouvernements nationaux. Les responsables locaux pourront justifier les restrictions en invoquant des obligations mondiales. Ils diront que les directives de l’OMS ne leur laissent pas le choix. « L’OMS a appelé au confinement, diront-ils, nous devons donc vous ordonner de rester chez vous. Désolé, mais ce n’est pas nous qui l’avons décidé ».

Pendant la Covid, les autorités ont tenté de censurer les opinions divergentes. Malgré leurs efforts, les sceptiques ont réussi à s’exprimer. Ils ont proposé des explications alternatives dans des podcasts, des vidéos, des déclarations, des documents de recherche, des chroniques et des tweets. Pour beaucoup de gens, ils étaient la source de la raison et de la vérité. Mais la prochaine fois, les choses pourraient être différentes. Dans le cadre du nouveau régime de lutte contre la pandémie, les pays s’engageront à censurer « les informations fausses, trompeuses, erronées ou la désinformation ».

Comme le dit Weinstein, « quelque chose est en train de s’organiser discrètement, à l’abri des regards, afin que nous n’ayons pas accès à ces outils la prochaine fois que nous serons confrontés à une grave situation d’urgence. … Ce que [l’OMS] veut, ce sont les mesures qui lui auraient permis de faire taire les podcasteurs, d’imposer diverses choses au niveau international d’une manière qui empêcherait l’émergence d’un groupe de contrôle qui nous permettrait de voir clairement les effets néfastes ».

Les documents de l’OMS ne prévaudront pas sur les constitutions des pays anglo-américains. Aux États-Unis, le premier amendement demeurera appliqué. Mais la signification des constitutions n’est pas statique. Les normes internationales peuvent influencer la manière dont les tribunaux lisent et appliquent les dispositions constitutionnelles. Les tribunaux peuvent tenir compte de l’évolution des normes internationales et du droit international coutumier. Les propositions de l’OMS ne remplaceraient ni ne définiraient la signification des droits constitutionnels. Mais elles ne seraient pas non plus dénuées d’intérêt.

L’OMS ne sape pas la démocratie. Les pays l’ont fait d’eux-mêmes au fil du temps. Les gouvernements nationaux doivent approuver le nouveau plan, et chacun peut s’en retirer s’il le souhaite. Sans leur accord, l’OMS n’a pas le pouvoir d’imposer ses diktats. Il se peut que tous les pays ne soient pas enthousiasmés par tous les détails. Les propositions de l’OMS prévoient des transferts financiers et techniques massifs vers les pays en développement. Mais c’est aussi le cas des pactes sur le changement climatique. En fin de compte, les pays riches les ont tout de même adoptés. Ils étaient désireux de donner un signal de vertu et de justifier leurs propres gâchis en matière de climat. On peut s’attendre à ce que la plupart d’entre eux adhèrent également à l’initiative de l’OMS.

Les pays qui le font conservent la souveraineté de changer d’avis. Mais il peut être extrêmement difficile de quitter un régime international. Lorsque le Royaume-Uni a adhéré à l’Union européenne, il a accepté d’être soumis aux règles de l’UE sur toutes sortes de sujets. Il restait un pays souverain et pouvait décider de se soustraire à l’emprise de l’UE. Mais le Brexit a menacé de déchirer le pays. Avoir l’autorité légale de se retirer ne signifie pas qu’un pays est politiquement capable de le faire. Ou que ses élites sont disposées à le faire, même si c’est ce que souhaite sa population.

De nombreux critiques ont fait les mêmes allégations que Weinstein, à savoir que le régime de l’OMS éliminera la souveraineté et outrepassera les constitutions. Les auteurs de Brownstone l’ont fait, par exemple, ici et ici. Ces allégations sont faciles à rejeter. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, a déclaré à plusieurs reprises qu’aucun pays ne céderait sa souveraineté à l’OMS. Reuters, l’Associated Press et d’autres organes de presse grand public ont procédé à des « vérifications de faits » pour démentir cette affirmation. Dire que l’OMS va voler la souveraineté permet de discréditer les critiques en les faisant passer pour des théoriciens du complot. Cela détourne l’attention du jeu qui se prépare.

Les propositions de l’OMS protégeront le pouvoir contre la responsabilité. Les gouvernements nationaux participeront au plan. Les populations sont le problème qu’ils cherchent à gérer. Le nouveau régime n’outrepassera pas la souveraineté, mais ce n’est qu’un maigre réconfort. La souveraineté n’offre aucune protection contre votre propre État autoritaire.

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Bruce Pardy est directeur exécutif de Rights Probe et professeur de droit à la Queen’s University.