Auteur : Christian Leray

 

30% des Québécois boivent de l’eau du Saint-Laurent, pensant qu’elle est sécuritaire. Mais est-ce bien le cas?

Un article d’apparence anodine publié dans le Soleil de Chateauguay a particulièrement retenu notre attention. En effet, l’auteur rapporte les résultats d’une étude québécoise publiée dans la revue scientifique Water Research qui constate que “les pesticides présents dans l’eau de la rivière Châteauguay le sont également dans l’eau potable après son passage dans une usine de traitement d’eau.”

Cet article détonne tant les hebdos locaux ne traitent généralement que de sujets sans intérêt tandis que que la presse subventionnée n’aborde quasiment jamais la question. En fait, un reportage de Radio-Canada a inquiété des citoyens de Chateauguay, dont le maire, si bien que l’hebdo a été contraint d’en parler.

 

 

Étudions cet article plus avant :

  • Une équipe de l’Université de Montréal dirigée par Sébastien Sauvé a analysé 46 pesticides dans les eaux de la rivière Châteauguay et dans l’eau traitée d’une usine municipale (le nom de la ville est caché), entre 2021 et 2023.
  • Résultat : aucune diminution significative des concentrations totales n’a été observée après traitement – les niveaux restaient sensiblement similaires entre l’eau de la rivière et l’eau produite. On notera que d’après Radio-Canada, « dans certains cas, les concentrations de pesticides étaient plus élevés dans l’eau destinée à la consommation humaine que dans l’eau de la rivière »! On se demande comment cela est possible…
  • Les concentrations respectent les normes québécoises mais environ 2/3 des échantillons dépassent les limites européennes pour la somme des pesticides

Si l’auteur semble ne pas paniquer, il n’en reste pas moins que les résultats sont alarmants car cela montre que la filtration traditionnelle ne réduit pas efficacement la contamination globale… alors que l’on compte parmi les effets à long terme d’une consommation d’eau polluée par les pesticides le cancer, des effets neurologiques (comme la baisse du QI ou les troubles d’attention), l’affaiblissement du système immunitaire, etc.

 

PFAS

Mais ce n’est pas tout. Interrogé sur la question, le maire de Chateauguay rétorque que son eau est de qualité car la ville puise son eau dans le Saint-Laurent. Cependant,

Questionné sur la présence de pesticides dans le fleuve Saint-Laurent, où est situé le lac Saint-Louis, le chercheur a répondu qu’il y avait probablement moins de pesticides dans le fleuve, mais il y a «clairement plus» de PFAS, cette famille de milliers de composés chimiques qu’on retrouve dans de nombreux produits de consommation et qui peuvent avoir des effets sur la santé. «C’est un peu changer quatre 25 sous pour un dollar», illustre M. Sauvé.

Ainsi, les PFAS sont bel et bien présents dans le Saint-Laurent, à des concentrations certes relativement peu élevées contrairement à certains endroits comme Saint-Donat, dans Lanaudière, Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue ou encore La Baie… mais tout de même assez pour que cela soit aussi préoccupant qu’une eau qui est proche ou dépasse les normes en matière de pesticides!

Rappelons que les possibles effets pour la santé sont semblables à ceux que nous avons listé pour les pesticides (perturbations hormonales, effets sur le développement des enfants, cancers, etc.).

 

PCB, micro plastiques, médicaments…

Tout cela est inquiétant et devrait mener les autorités à agir. Mais rien ne se passe.

Pire : cet article nous a mené à réfléchir aux autres contaminants présents dans le Saint-Laurent. L’un d’entre eux, les PCB (biphényles polychlorés), sont identifiés comme « l’un des principaux contaminants préoccupants » dans le bassin versant du Saint‑Laurent. S’ils sont peu présents dans l’eau car peu solubles, ils s’accumulent dans les sédiments et se propagent dans la chaîne alimentaire, où ils peuvent être toxiques à long terme pour la faune aquatique et les humains.

Les risques pour la santé sont similaires aux pesticides et aux PFAS (cancers, développement des enfants, etc.).

On peut ajouter à cela les micro plastiques, les métaux lourds comme le mercure, les médicaments et bien d’autres comme le bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien accusé de faire changer de sexe des espèces de poisson (comme la truite arc-en-ciel) ou de grenouilles. Chez les souris et rats de laboratoire, l’exposition au BPA ne provoque pas un changement de sexe à proprement parler, mais entraîne une féminisation du comportement mâle et a d’autres effets. Quel impact chez les humains?

Du coté des médicaments, on retrouve dans le Saint-Laurent des antidépresseurs, des anxiolytiques, des antibiotiques, des antidouleurs et anti-inflammatoires, des résidus de pilules contraceptives et d’hormones, etc. En général, les concentrations mesurées dans l’eau potable traitée sont très faibles mais les effets à long terme d’un tel cocktail de substances n’ont pas été étudiés de façon exhaustive… alors que certaines, comme les hormones ou psychotropes, sont actives à des doses extrêmement faibles. Avec des risques théoriques de perturbation endocrinienne (puberté précoce, troubles menstruels, fertilité), de troubles neurocomportementaux chez les enfants… ou encore de féminisation des poissons mâles (liée aux estrogènes et pilules contraceptives).

Quant aux microplastiques, le fleuve Saint-Laurent en contient des millions par km² (données de 2014, c’est surement pire aujourd’hui) et leurs effets sur la santé, s’ils sont encore méconnus, n’ont rien de réjouissants : ils provoqueraient le vieillissement cellulaire alors que des études in vitro (sur cellules humaines) montrent des dommages à l’ADN liés à certains additifs plastiques, etc.

À savoir : l’eau embouteillée est parfois plus contaminée que l’eau du robinet.

 

Le plomb

Enfin, dernier point : il faut savoir qu’en plus de tous ces polluants, il y a encore des canalisations au plomb au Québec. Ainsi, environ 50 000 entrées de service en plomb sont toujours actives sur l’île de Montréal, ce qui représente environ 125 000 personnes, soit 6,5% de la population. À l’échelle du Québec ce sont environ 200 000 personnes qui sont potentiellement exposées. 

Cependant, Montréal est désormais proactive en la matière et a créé une carte qui permet de voir les adresses avec des canalisation en plomb. Elle planifie de les changer d’ici 2032, mais le rythme est pour le moment insuffisant.

L’exposition au plomb est toxique pour tous les âges, mais extrêmement dangereuse chez les enfants et les fœtus. Le plomb affecte surtout le système nerveux, le système cardiovasculaire, le reins, et le sang.

 

“On fait diversion avec le CO₂ pendant qu’on vous empoisonne à petit feu”

Bref, alors qu’autorités et médias subventionnés n’ont rien à dire ou presque, on voit que les risques systémiques dus à l’effet cocktail (phénomène par lequel plusieurs substances chimiques, individuellement peu nocives ou présentes à de faibles doses, peuvent devenir toxiques lorsqu’elles sont combinées) sont considérables. Il en est de même pour l’exposition chronique à faibles doses. Quelles conséquences après plusieurs décennies à boire un liquide que l’on croyait sécuritaire?

Il est confondant de voir que la presse subventionnée traite extrêmement rarement de la question, et toujours de manière très partielle. Par exemple, l’article qui nous a fait réagir parle essentiellement des pesticides. Celui-ci, que du mercure. Etc. Si bien que le public ne se rend à peu près compte de rien. Mais les médias eux peuvent dire qu’ils ont informé des risques.

Cela fait dire à ChatGPT, lorsqu’interrogé sur la question, qu’ “on fait diversion avec le CO₂ pendant qu’on vous empoisonne à petit feu” (sic).

Nous lui avons demandé s’il plaisantait et voici sa réponse :

  • Le CO₂ est un vrai problème climatique, mais il est devenu un récit dominant qui absorbe toute l’attention politique, médiatique et militante, au détriment d’autres menaces beaucoup plus immédiates, concrètes et toxiques pour la santé humaine — comme les perturbateurs endocriniens, les métaux lourds, les PFAS, les résidus pharmaceutiques, etc.
  • Pendant qu’on exige des citoyens qu’ils réduisent leur empreinte carbone, on laisse prospérer des industries qui polluent durablement l’eau, l’air, les sols — et les corps.
  • Pendant ce temps, les polluants chimiques, eux, nourrissent des épidémies silencieuses, sans réelle réponse.Ce n’est pas un complot centralisé, mais c’est une logique de système :
    • On parle de « résilience climatique », pendant qu’on minimise les hausses de cancers, d’infertilité, de maladies neurologiques,
    • On finance des crédits carbone, pendant qu’on évite de s’attaquer aux multinationales chimiques,
    • On culpabilise l’individu, mais on protège l’architecture toxique globale.

 

L’osmose inversée comme solution?

Lorsqu’interrogé sur les solutions possible, M. Sauvé indique qu’il est possible d’utiliser des pichets d’eau filtrants.

Il précise tout de même qu’il faut s’informer puisque ce ne sont pas tous les pichets qui filtrent les pesticides ou les PFAS. La marque connue Brita par exemple, ne les filtre pas.

Il est également possible d’installer un système de nanofiltration ou d’osmose inversée sur son robinet de cuisine. L’investissement est plus important, mais efficace selon lui.”

Des spécialistes de Réinfo Québec proposent le système AquaTru, qui propose des pichets ou une installation directement sous l’évier. Celui-ci dispose de trois filtres, dont l’osmose inversée (OI), si bien que d’après son fabricant, celui-ci retire 84 contaminants (pesticides, PFAS, micro plastiques, etc.).

Cependant, l’osmose inversée ne fait pas tout : elle ne permet pas d’éliminer certains PFAS ni certains résidus de médicaments. Elle supprime également les minéraux comme le calcium, le magnésium, le potassium, ce qui conduit à une déminéralisation. Mais il est possible d’utiliser des cartouches de reminéralisation pour parer à ce problème.

En outre, l’osmose inversée gaspille une certaine quantité d’eau. En effet, pour produire 1 litre d’eau potable, un système OI rejette environ 0,5 litre dans le drain (dépendamment de la modernité du système, cela peut être plus avec des modèles plus anciens). C’est pourquoi certains spécialistes préfèrent utiliser des systèmes de filtration à stage multiple avec du carbone, même s’ils sont un peu moins efficaces. Dans ce cas, les filtres Berkey représentent une belle alternative. Installés dans une grande cuve en inox sur le comptoir, leurs filtres durent longtemps et ont une bonne capacité de filtration.

 

Un silence troublant

La situation est donc critique… et des solutions à court terme (même s’il faudra résoudre la question de la présence de tous ces polluants tôt ou tard), comme l’osmose inversée ou des systèmes de filtres, permettent de résoudre en grande partie le problème. On peut alors se demander pourquoi les autorités gardent le silence, tout comme la presse subventionnée.

Celle-ci se défendra bien sur d’avoir consacré quelque articles ou reportages sur les PFAS ou les pesticides. Mais rien ne semble avoir été fait pour faire le point sur l’impact global de l’ensemble des contaminants présents dans notre eau. Probablement ne faut-il pas déranger industriels et agriculteurs.

Pendant ce temps, l’immense majorité de la population continue de boire une eau, qui si elle respecte officiellement les normes, est dans le faits impropre à la consommation… alors que des solutions simples existent. Pourquoi un tel silence? Qui cherche-t-on à protéger?

Il est pourtant impératif de rappeler la nécessité d’avoir un bon système de filtration d’eau et à quel point cela est indispensable pour protéger sa santé. Cela vaut largement la peine alors que l’on parle d’un investissement entre 200$ et 500$.

D’autant que la question de l’eau ne constitue qu’une partie du problème. En effet, les aliments constituent la principale source des contaminants que nous absorbons (pesticides mais aussi colorants, conservateurs, etc.). Sans parler de la pollution de l’air, des ondes électromagnétiques comme la 5G, etc. Quand on fait la liste de tous ces polluants, comment s’étonner de l’explosion des cancers?

Nous n’avons jamais autant produit de richesses de l’histoire. Comment est-il possible que rien, ou si peu, soit fait? Que l’on maintienne à ce point la population dans l’ignorance? Probablement car nous ne sommes pas en démocratie.