Auteurs : Collectif Réinfo Covid Québec

 

Madame Pelletier,

Nous, le collectif Réinfo Covid Québec, tenons à vous apporter notre soutien en ce qui concerne le traitement qu’a subi de votre chronique du 26 janvier intitulée « La pandémie revue et corrigée », et plus encore votre licenciement du journal Le Devoir, qui est totalement inacceptable. Cela nous le semble d’autant plus que sa rédactrice en chef, madame Chouinard, affirme, dans une « mise au point » ajoutée en haut de votre chronique, que son quotidien « est un grand défenseur de la liberté d’opinion de ses chroniqueurs, ainsi que de la diversité des points de vue ».

 

Une « diversité des points de vue », vraiment?

Alors que vous basez votre texte sur un article et des sources crédibles[1], nous déplorons le fait que le texte de Madame Chouinard est malheureusement assez typique de ce que l’on voit depuis deux ans, soit la justification de l’interdiction « de la diversité des points de vue ».  Cela rappelle les mots de madame Grammond, éditorialiste en chef de La Presse, pour justifier la censure pure et simple de la lettre du Dr Lavigueur par le quotidien montréalais[2].

De leur point de vue, « les énoncés [doivent reposer] sur un argumentaire irréprochable sur le plan des faits ». Cependant, lorsque les Patrick Lagacé, Mario Dumont ou Richard Martineau sortent des énormités sans aucune source, qu’ils insultent ceux qui pensent différemment d’eux et que personne ne leur dit rien… on se rend compte que la liberté de la presse est un mythe, encore davantage aujourd’hui avec les subventions que touchent les journaux. Vous venez d’en faire l’amère expérience. Le récit est adapté en fonction des besoins de ceux qui financent (gouvernements et annonceurs) les médias.

Le texte de Madame Chouinard, qui a été ajouté en « introduction » à votre chronique, est en fait très faible : selon elle et pour la quasi-totalité des journalistes, la science a démontré l’efficacité et la sécurité des vaccins, et tout début de remise en cause de ce dogme les heurte profondément, aussi rigoureux soit-il. Car contrairement à vous, elle ne se base sur aucune étude et joue sur les mots.

 

Efficacité des vaccins : quelles sont les études?

Elle déclare ainsi : « Il aurait aussi fallu préciser que l’efficacité des vaccins après deux doses était au départ de 95 % pour protéger contre les formes graves de la COVID-19, c’est-à-dire les formes qui nécessitent une hospitalisation et mènent au décès. Au Québec, six mois après la deuxième dose, cette protection s’élevait toujours à 85 %. »

Ici, elle aurait dû citer sa source. Elle ne l’a fait pas. C’est très gênant, surtout après avoir critiqué quelqu’un qui lui donne les siennes. Pour la petite histoire, nous savons qu’elle fait référence à l’étude de l’INSPQ sur l’efficacité des deux doses de vaccin[3]. Mais elle ne le dit pas . Et pour cause : vous serez sans doute surprise d’apprendre que cette étude… est encore en prépublication[4] (ce que vous reproche justement Madame Chouinard concernant l’étude israélienne à laquelle vous faites référence), que plusieurs de ses auteurs reconnaissent avoir été financés par Pfizer (certes pour des études précédentes)… et surtout que le Comité sur l’immunisation de l’INSPQ remarque avec une certaine surprise que, dans son analyse de la nécessité d’une 3e dose, il s’agit de la seule étude qui montre une efficacité stable des vaccins. Toutes les autres (elles sont pourtant choisies par l’INSPQ lui-même) montrent une baisse d’efficacité avec le temps[5]. Cela donne matière à réflexion quand on sait que toute la stratégie vaccinale au Québec repose sur cette étude…

« Quant à la baisse de couverture évoquée autour de 39 % à 42 %, elle fait référence au cas israélien au moment de l’arrivée du variant Delta, cité dans le texte publié par le Globe and Mail auquel la chroniqueuse se réfère tout au long de sa chronique. »

Là encore, il y a un très gros problème : madame Chouinard n’amène aucune donnée. Pourtant, même sans données, elle devrait savoir que si l’efficacité est déjà en baisse concernant le variant Delta, alors elle ne peut pas remonter face à Omicron. Les études qui montrent l’inefficacité des vaccins face à Omicron sont de plus en plus nombreuses. Une étude danoise[6], qui appelle pourtant à une 3e dose (condition nécessaire pour être publiée), affirme que la protection des vaccins contre Omicron est de -76,5 % après 3 mois. Seulement 1 mois après la 3e dose, l’efficacité est déjà rendue quasiment nulle (16 %) :

 

Madame Chouinard affirme aussi :

« Par ailleurs, affirmer que Pfizer n’a jamais publié ses essais cliniques est faux, ils sont disponibles et ont été publiés dans le New England Journal of Medicine (bit.ly/3GeJHrq).

La compagnie pharmaceutique a toutefois demandé à protéger la composition du vaccin en vertu des droits de propriété intellectuelle. »

Madame Chouinard a enfin une source. Mais elle joue sur les mots. Quiconque s’intéresse minimalement au dossier sait que vous ne faites pas référence au résumé de 5 pages publié par Pfizer dans le New England Journal of Medicine, mais bien aux données complètes de l’étude, soit plus de 400 000 pages que la FDA a effectivement été condamnée à divulguer au cours des prochains mois[7].

Quant à la composition du vaccin, on aimerait effectivement la connaitre, surtout quand on sait que Pfizer a la prétention de vacciner la planète entière.

Concernant la fluvoxamine, nous nous contenterons de citer La Presse[8], qui vous donne raison :

La fluvoxamine, un antidépresseur générique que le médecin compte administrer à ses patients, est une « alternative intéressante au Paxlovid » de Pfizer, affirme le Dr Wesson. Il rappelle que l’Ontario a déjà inclus la fluvoxamine dans ses recommandations de traitement, et que certaines études cliniques crédibles, faites par l’Université John Hopkins ou l’Université Harvard, ont « montré son efficacité ». Une étude de la revue médicale The Lancet concluait aussi en octobre que le médicament « réduit considérablement le risque d’hospitalisation chez certains patients COVID-19 à risque sérieux de maladie grave ».

 

Éthique du journalisme

Tout cela n’est pas caché, il suffit simplement de faire son travail de journaliste correctement, en appliquant les règles de la Charte de Munich[9], sur la déontologie journalistique. En voici quelques-uns des principes :

  • Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
  • Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.
  • Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents.
  • Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
  • Refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.

Bref, vos propos sont sourcés et étayés, tout le contraire de la direction du Devoir. Vous avez fait honneur à votre mission de journaliste en rapportant des faits dont la connaissance est utile, pour ne pas dire indispensable, au public. Vous avez en tous points respecté l’éthique du journalisme. On ne peut malheureusement en dire autant du Devoir, ni même de toute la presse grand public.

Finalement, Madame Pelletier, nous espérons que vous allez bien durant cette période délicate. « Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et elle ne saurait être limitée sans être perdue » disait Thomas Jefferson (1743-1826). À l’heure ou la liberté de la presse devient un mythe, notre liberté devient chaque jour de plus en plus relative. Ainsi, soyez assurée du soutien de notre collectif, aussi bien à votre égard qu’à l’égard de tous les journalistes ou professionnels qui oseront tenir un discours critique quant aux mesures sanitaires contre la COVID-19. Nous vous soutenons au nom de la liberté d’expression, un droit fondamental extrêmement menacé, comme le montre votre renvoi.

 

[1] Un article du Dr Norman Doidge, paru dans le Globe and Mail : https://www.theglobeandmail.com/opinion/article-vaccines-are-a-tool-not-a-silver-bullet-if-wed-allowed-more-scientific/

[2] https://plus.lapresse.ca/screens/2cea04f9-8c82-4c75-8178-8377e51a966f__7C___0.html

[3] https://www.inspq.qc.ca/covid-19/vaccination/efficacite-2-doses

[4] https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.10.26.21265397v1

[5] https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3184-pertinence-rappel-vaccin-covid-19-adultes.pdf (page 4)

[6] https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.12.20.21267966v2.full.pdf

[7] https://www.foxnews.com/health/fda-ordered-to-speed-up-release-of-approval-data-for-covid-19-vaccine

[8] https://www.lapresse.ca/covid-19/2022-01-31/une-clinique-concue-pour-les-non-vaccines-verra-le-jour-a-montreal.php?fbclid=IwAR0dRLyxvP5BTDiIxnE_ZdP_RMFPJjX-ovVMNsOFMct5Z-TaD0DjfhP_vCM

[9] https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_Munich