Auteur : Christian Leray, M.A.

 

Cet article est le deuxième d’une série de trois sur la démocratie. Dans la première (que nous vous invitons vivement à lire pour bien comprendre la suite), nous nous sommes interrogés à savoir si l’on est effectivement en démocratie, ce à quoi nous avons répondu qu’en raison de l’élection nous sommes en fait en oligarchie, c’est-à-dire un système politique dans lequel le pouvoir est détenu par quelques personnes (les milliardaires qui financent les campagnes électorales et promeuvent leurs candidats dans leurs médias).

 

Partie 1 : Sommes-nous en démocratie?
Partie 2 : Derrière un vernis « démocratique », l’oligarchie libérale
Partie 3 : Comment se rapprocher de l’idéal démocratique?

 

Les conséquences sont que les citoyens n’ont en fait aucun pouvoir et sont condamnés à accepter des lois votées par des « représentants » qui sont là grâce à quelques oligarques. C’est à ces derniers que les « élus » doivent leur poste et c’est donc à eux qu’ils rendent des comptes et non aux citoyens. Ainsi, si du point de vue du citoyen la « démocratie » semble ne plus fonctionner, c’est en revanche une réussite totale pour ceux qui, cachés dans l’ombre, contrôlent les leviers de commande.

 

Le mythe de la séparation des pouvoirs

Comme on l’a vu dans la première partie, le contrôle des oligarques est obtenu grâce à l’élection, qui sous des apparences démocratiques, est en fait oligarchique. Non seulement ils exercent le pouvoir de fait, mais ils restent en plus caché, concentrant la colère populaire sur les politiciens qu’ils font élire. Cela leur permet de conserver le pouvoir ad vitam aeternam : les politiciens changent mais eux restent. C’est pourquoi les choses ne changent pas, quelque-soit l’issue de l’élection.

Mais les problèmes ne se limitent pas là puisque l’on constate que la « séparation des pouvoirs », base de toute démocratie qui se respecte, est un mythe. En effet, actuellement le pouvoir exécutif contrôle en fait le législatif (puisque le gouvernement est composé des chefs du parti majoritaire à l’assemblée)… tandis que le pouvoir judiciaire est directement soumis à l’exécutif puisque les juges sont nommés en conseil des ministres ou par le ministre de la Justice. La séparation des pouvoirs est donc factice.

Est-ce cela la démocratie.?

 

Mais ce n’est pas tout car à ces trois pouvoir définis par Montesquieu dans son ouvrage De l’esprit des lois (1748), s’en cachent probablement au moins deux autres : les médias et la création monétaire. Et ceux-ci, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne sont pas indépendants.

 

La création monétaire au service de l’oligarchie

Ainsi, la FED (la banque centrale américaine), même si elle relève en apparence du gouvernement fédéral puisque le président des États-Unis nomme le gouverneur et les membres du Conseil des gouverneurs, est en fait détenue par 12 banques régionales (Regional Federal Reserve Banks). Celles-ci sont la propriété des banques commerciales qui se trouvent dans leur zone géographique. Par exemple, la « Réserve fédérale de New York est détenue par une poignée de banques de Wall Street ». La FED est donc de fait la propriété des quelques oligarques qui contrôlent la finance américaine.

Chez nous, la Loi sur la Banque du Canada prévoit que les administrateurs de l’institution sont eux nommés par le ministre des Finances. Mais comme on l’a vu, les politiques arrivent au pouvoir grâce aux oligarques (qui financent leur campagne et les promeuvent dans leurs médias). La création monétaire est donc, de fait, contrôlée par l’oligarchie.

Doit-on alors être surpris que des lois et règlements empêchant les États d’emprunter auprès de leur banque centrale à taux zéro aient été mis en place juste avant ou au début de la crise de 1973? En France, il s’agit de la loi du 3 janvier 1973, nommée « loi Pompidou-Giscard-Rothschild » (Georges Pompidou, président de la France à ce moment, avait été directeur général de la banque Rothschild). Un règlement similaire empêche la Banque du Canada de prêter à taux zéro au gouvernement. Ce type de loi a été adopté par la plupart des pays du monde pratiquement au même moment…

Les tenants de ces lois et règlements affirment que la banque centrale peut toujours acheter des bons du trésor (la dette des États). Mais c’est oublier qu’à ce moment l’État doit payer en plus un taux d’intérêt.

Cette impossibilité pour les États de se financer à taux zéro auprès de leur banque centrale les contraint à devoir aller sur les marchés financiers pour emprunter… auprès des banques et autres investisseurs en payant un taux d’intérêt. C’est depuis cette époque que la dette des États explose, ce qui conduit à devoir limiter les dépenses et donc réduire les services comme l’accès aux soins de santé, etc. Mais les conséquences sont encore plus dramatiques pour les pays en voie de développement, qui se sont retrouvé étranglés par la hausse des taux d’intérêt dans les années 1970, ce qui a conduit à la crise de la dette (le Mexique se déclare insolvable en 1982, la Côte d’Ivoire en 1986). Depuis, tous ces pays sont « esclaves de la dette », toutes leurs ressources partant pour rembourser les intérêts d’une dette irremboursable.

Il est incroyable de constater que les banques centrales réemploient la même méthode aujourd’hui : en augmentant les taux d’intérêt de manière déraisonnable (sous prétexte de réduire l’inflation) alors qu’États et ménages sont surendettés, elles font courir le risque d’une banqueroute des pays et des particuliers. Chaque hausse des taux d’intérêt équivaut à une augmentation de la dette de plusieurs milliards. Autant d’hôpitaux qui ne verront jamais le jour, de médecins qui ne seront pas employés au service de la population. Les États sont condamnés à devoir réduire leurs dépenses et à accepter les diktats des détenteurs des emprunts.

On pourrait en dire encore beaucoup sur l’assujetissement de la création monétaire à l’oligarchie, mais ce n’est pas le sujet de cet article. Cela doit simplement nous amener à comprendre que les banques centrales, loin d’être au service des États et des citoyens, travaillent en fait pour les quelques oligarques qui les contrôlent de fait. Les conséquences sont extrêmes. Et on n’a peut-être encore rien vu avec l’arrivée des futures monnaies numériques de banque centrale (MNBC) qui nous forceront à nous conformer, sans quoi nous pourrions ne plus pouvoir faire le moindre achat. Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a d’ailleurs reconnu qu’avec les MNBC “il y aura du contrôle“.

Est-ce cela la démocratie?

 

Quand la presse est détenue par une poignée d’oligarques

Quant aux médias, le fameux « 4e pouvoir », ils sont tous détenus (ou presque) par des milliardaires. Par exemple, TVA (première station du Québec) et les Journaux de Montréal et de Québec, qui sont de loin les plus lus, sont détenus par Quebecor, propriété du milliardaire Pierre-Karl Péladeau.

On pourrait dire qu’il reste le service public… Mais quand on sait que la PDG de Radio-Canada est en fait nommée par la ministre du Patrimoine et que la Société d’État reçoit 1,2 milliard du gouvernement fédéral, on comprend qu’elle n’est pas indépendante… mais subordonnée aux politiques, eux-mêmes subordonnés à quelques oligarques, comme on l’a vu.

Si par miracle, un média était indépendant (détenu par ses propres journalistes, comme ce fut le cas du Monde à une certaine époque), la publicité se charge de limer les dents de ceux qui se présentent pompeusement comme les « chiens de garde de la démocratie ». Ainsi, allez à l’encontre du discours officiel (en critiquant par exemple les vaccins anti-covid, le changement climatique, etc.) et de nombreuses compagnies risquent de vous retirer leur budget publicitaire. Quand il s’agit de compagnies ou sociétés d’État comme Bell, Vidéotron, Lotto-Québec ou autres, dont les budgets représentent des millions et sont la bouée de sauvetage de médias qui crient famine, on comprend qu’il est impossible pour le « 4e pouvoir » de réellement montrer les crocs.

Rajoutez à cela les centaines de millions de subventions du gouvernement fédéral (595 millions de dollars sur 5 ans), en plus des autres centaines de millions que dépensent les gouvernements provinciaux (250 millions de dollars rien que pour le Québec) et on comprend que contrairement à Justin Trudeau qui affirme que « le Canada jouit d’une presse forte et libre », les médias ne sont pas indépendants, loin s’en faut. Au contraire, ils ne peuvent s’écarter du discours officiel sous peine de disparaitre, purement et simplement. Mais ce ne sont ni les politiques, hormis quelques rares membres de « l’opposition », ni les médias eux-mêmes qui l’expliqueront au public.

On pourrait arguer qu’il reste les réseaux sociaux. Mais comme l’ont montré les Twitter Files et les Facebook Files, la censure y règne. Si les choses semblent avoir changé chez Twitter depuis son rachat par Elon Musk, les citoyens restent toujours à la merci d’un changement de la politique de modération de la part des propriétaires, tous des milliardaires… eux-memes étant soumis (du moins en apparence) à des pressions des législateurs, comme par exemple le Digital Services Act (DAS, l’équivalent de la loi C-11 au Canada), un règlement européen qui vise à forcer les plateformes numériques à retirer des messages jugés non-conformes (propos haineux, désinformation, etc.). Mais qui peut juger qu’un message est « faux »?

On notera aussi que les gouvernements ne sont pas les seuls à tenter de censurer, les organisations intergouvernementales (l’ONU, l’OMS, l’UNESCO, etc.) mettent également une pression énorme. Par exemple une cadre dirigeante de l’ONU s’est félicitée d’une entente avec Google qui permet de n’afficher dans le moteur de recherche que des résultats favorables à la « vaccination » anti-covid, ce qui lui a fait dire «  We own the science » (nous possédons la science). Nous avons fait un état des lieux sur la censure lors de notre panel sur la question organisé en mars 2022. Mais ces gens ne sont pas élus.

On comprend dans ces conditions que le 4e pouvoir, en considérant qu’il en ait bien été un… ne l’est absolument plus. Et que les réseaux sociaux, totalement contrôlés, soit par les États, soit par leurs propriétaires, ne confèrent qu’une illusion de liberté d’expression.

Est-ce cela la « démocratie »?

 

Oligarchie libérale

Bref, on voit qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs, que les médias et la création monétaire sont contrôlés par un petit groupe de personnes… le même qui fait élire les politiques. Nous ne sommes donc pas en démocratie mais en oligarchie.

Cependant, plusieurs personnes ont beau jeu de rappeler que nous sommes libres, ce qui leur fait dire que nous sommes en démocratie. Et que si on n’est pas content on peut toujours aller en Chine ou en Arabie Saoudite. Mais qu’ils ne s’inquiètent pas trop : si personne ne dit rien, nous nous retrouverons avec le crédit social à la chinoise en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Cette apparence de liberté s’explique par le fait qu’il est dans l’intérêt de l’oligarchie que nous soyons libres, du moins en apparence. Cela est dû au « libéralisme économique », promu depuis plus de deux cents ans par… l’oligarchie, toujours elle. L’un des pères de ce courant de pensée, Adam Smith, explique dans son livre, la Richesse des nations (1776), le concept de la « Main invisible ». D’après celui-ci, l’ensemble des intérêts individuels concourent à l’intérêt général.

Le message pour les oligarques est qu’il est profitable pour eux que les agents économiques soient libres car leurs actions les enrichiront davantage que s’ils étaient contraints ou que si l’économie était dirigée. De ce point de vue, avoir une armée de consommateurs est largement préférable à avoir des esclaves. C’est ce qui explique cette apparence de liberté. Liberté en fait très limitée mais encore faut-il « tirer sur la laisse » pour s’en rendre compte. Par exemple : vous pouvez critiquer un homme politique et aller dire dans la rue que c’est un mauvais premier ministre. Jusque-là, il ne vous arrivera rien (encore que si vous créez un attroupement, des policiers pourraient venir vous demander ce que vous faîtes et vous forcer à “circuler”). Maintenant, dîtes-le sur les médias sociaux et voici que par la « magie » de la « viralité », votre message ou votre vidéo est vu par des centaines de milliers voire par des millions de gens. Il est alors très probable que votre message soit « retiré » au motif qu’il s’agit d’une « fausse nouvelle », d’un « contenu allant contre les standards de la communauté », d’un « message haineux », ou encore car il y a des « inexactitudes », etc. Toutes les raisons sont bonnes.

C’est ce qui est arrivé à de nombreuses personnes au cours des trois dernières années lorsqu’elles ont critiqué les mesures sanitaires. Peu importe qu’il s’agisse d’universitaires renommés dans leur domaine ou de simples citoyens dont les dires sont argumentés et sourcés : à partir du moment où vous remettez en cause le récit officiel ou l’ordre établi, vous êtes condamné à la confidentialité. Les rares qui sortent de la caisse de résonnance sont diabolisés et traités au choix de raciste, suprémaciste, complotiste, antisémite et autres sobriquets qui permettent de les décrédibiliser. C’est le sort qui est réservé à des scientifiques comme Patrick Provost ou Christian Linard, poursuivis par leurs ordres ou leurs employeurs. Si par miracle vos actions sur le terrain ont de l’effet, vous pourriez finir en prison ou voir vos comptes en banque gelés.

En fait, vous pouvez faire et dire ce que vous voulez tant que vous ne remettez pas le système en cause.

Est-ce cela la « démocratie »?

 

Vers le totalitarisme numérique?

Pour définir ce système politique, rien ne semble mieux convenir que de parler d’« oligarchie libérale », c’est-à-dire une forme de gouvernement dans lequel le pouvoir est détenu par quelques milliardaires (cachés derrière les politiciens qu’ils contrôlent) mais qui garantit malgré tout certains droits fondamentaux… uniquement car c’est dans l’intérêt des oligarques. L’anthropologue Yuval Noah Hariri explique ainsi dans ses ouvrages Homo Sapiens et Homo Deus que notre système politique actuel n’a pas été choisi car il garantit la liberté… mais bien parce que c’est le système qui convient le mieux à l’oligarchie… et que nos « démocraties » s’effaceront dès lors qu’un autre système plus productif et efficace se fera jour. D’après lui, nous vivons ce changement avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) qui va rendre nos systèmes politiques désuets. Si bien qu’à l’en croire, nous nous dirigeons vers un monde dirigé par l’IA, ce qui pourrait sonner le glas de nos libertés.

Emmanuel Macron, le président de la France (lors d’une conversation avec… Klaus Schwab, le président du Forum économique mondial), résumait ainsi la situation :

Le mariage de tout ça [l’intelligence artificielle et les technologies quantiques] fait que nous allons rentrer dans une ère d’accélération de l’innovation, de rupture très profonde de l’innovation […]. Tout ça a des impacts en termes démocratiques qui sont massifs ! Pour moi, ces innovations vont être des accélérateurs de nos problèmes sur le plan social et démocratique.

En fait, Emmanuel Macron nous annonce ici le passage du régime d’oligarchie libérale au totalitarisme numérique. Et s’attend logiquement à ce qu’il y ait des réactions. On comprend mieux alors pourquoi parallèlement à l’avancée de technologies et innovations comme la biométrie, l’identité numérique, les MNBC et la 5G (indispensable pour que le tout fonctionne au maximum de ses capacité, en dépit des risques sanitaires qui lui sont associés), les lois toujours plus liberticides se succèdent à un rythme effréné (C-11, C-18 et C-36 pour ne citer qu’elles) au Canada tandis que la liste de celles votées en France fait froid dans le dos. Le but est de disposer d’un arsenal législatif et sécuritaire qui permettra de contenir la contestation lorsque les peuples se soulèveront.

On n’en est pas encore tout à fait là mais on comprend mieux avec quelle facilité nos droits fondamentaux peuvent être allégrement bafoués quand la situation l’exige. Par exemple l’obligation vaccinale contrevenant pourtant au sacro-saint principe du consentement libre et éclairé. Ou l’état d’urgence… renouvelé tous les 10 jours, sans aucun vote ni aucune contestation. Ou encore la détention arbitraire des responsables d’une manifestation pacifique comme le Convoi de la Liberté ainsi que le gel des comptes en banque des personnes qui leur ont donné de l’argent. Que dire de la détention de Julian Assange dans une prison de haute sécurité en Angleterre? De la fuite de Snowden… qui a du se réfugier en Russie (un comble!). On peut aussi penser aux Gilets jaunes en France, qui se sont fait éborgner et tirer dessus avec des armes de guerre sans que cela ne soulève de protestation dans les médias. Ou bien au “Printemps érable”, la grêve étudiante de 2012 au Québec, qui avait vu le gouvernement prendre des mesures anti-démocratiques choquantes en raison d’une crise qu’il avait lui-même provoqué (la hausse de 70% des frais de scolarité). On pourrait multiplier les exemples.

 

La démocratie comme solution

Pour nommer le système politique actuel, politiciens et médias utilisent l’expression « démocratie libérale ». Mais celle-ci repose sur de nombreux mensonges.

Tout d’abord, l’expression elle-même ne veut rien dire : si le peuple exerce effectivement le pouvoir, il est libre par définition. La « démocratie » est donc forcément « libérale ». Pourrait-on parler de « démocratie illibérale », c’est-à-dire un peuple souverain qui ne s’accorderait pas le droit d’être libre? Certains s’y essaient pourtant.

L’expression « démocratie représentative » est aussi une duperie : la démocratie est le pouvoir au peuple, qui l’exerce directement, sans l’intervention de représentants. La démocratie ne peut donc en principe être représentative.

 

Ce concept d’oligarchie libérale, c’est-à-dire un système dans lequel le pouvoir est exercé de fait par quelques milliardaires cachés dans l’ombre… tandis qu’on laisse au peuple quelques libertés, est donc le terme qui permet de décrire le mieux notre système politique actuel. L’élection, qui donne l’illusion au peuple qu’il est souverain, est un leurre. Pire, non-seulement elle renforce le système oligarchique mais elle permet en plus aux politiques d’affirmer qu’ils sont légitimes… ce qui les rend quasiment invulnérables car comment se rebeller contre la « volonté nationale »?

 

Maintenant que nous avons mis les mots sur nos maux, le constat est donc clair et limpide.

La question est maintenant de savoir ce que nous pouvons faire pour nous sortir de ce piège. La solution est de comprendre ce qu’est véritablement la démocratie et de prendre les mesures permettant de se rapprocher de l’idéal démocratique. C’est ce que nous verrons dans la 3e partie.

Comment se rapprocher de l’idéal démocratique?